La pédagogie scoute est un système d’éducation non formelle. Elle tient compte des buts du scoutisme et des objectifs éducatifs de l’Association. Elle est aussi basée sur le concept de l’autoéducation. Cela implique que chaque jeune est considéré comme une personne unique possédant le potentiel nécessaire pour se développer dans toutes ses dimensions et prendre la responsabilité de son propre développement, progressivement, dans un cadre structuré conçu pour le guider et l’encourager.
La méthode scoute est un système essentiel pour la réalisation de la proposition éducative scoute. Elle est définie comme un système d’auto-éducation progressive, adapté à chaque groupe d’âge, et fondé sur l’interaction de huit éléments d’égale importance fonctionnant de manière cohérente et qui donnent au scoutisme son caractère unique.
La Promesse est un acte personnel, même si elle s’exprime en un texte qui peut être commun à tous. Elle se fonde sur des valeurs de référence au sein de la troupe, du groupe, de l’Association et de la fraternité scoute mondiale. Les valeurs véhiculées par la Promesse (la Loi) ont été vécues, comprises, et elles prennent du sens pour un individu à ce moment de sa vie scoute. Elle est donc aussi l’engagement de chaque jeune à vivre et à progresser selon la Loi scoute. Cela sous-tend l’adhésion à un système de valeurs, qui englobe la confiance, la loyauté, le service, l’amitié, la politesse, le respect de la vie et du travail, la bonne humeur et l’honnêteté.
Pour répondre à cette individualité, le libellé de l’engagement est personnel. La formule en usage peut être personnalisée, tant qu’elle encourage le principe d’un épanouissement personnel, social et spirituel.
Le système des patrouilles est d’abord un mécanisme de coopération et de participation. Il se compose d’instances dont l’unité de base est la petite équipe de 5 à 8 membres, guidée par son leader. Au sein de cette équipe et d’une manière adaptée à leurs capacités, les scouts organisent leur vie de groupe, partagent les responsabilités et prennent des décisions. Ils collaborent également au fonctionnement de l’unité en désignant les acteurs impliqués dans la décision ou la construction des projets collectifs.
Un cadre symbolique est mis en place pour exprimer les concepts que le scoutisme cherche à promouvoir. Le cadre symbolique s’appuie sur le goût des jeunes pour l’imagination, l’aventure, la créativité et l’invention. C’est un moyen pour donner du sens et de l’attrait aux activités tout en faisant comprendre les valeurs du scoutisme.
La progression personnelle vise à aider chaque individu à s’impliquer, de manière consciente et active, dans son propre développement. Elle permet à chacun de progresser à sa façon et à son propre rythme, d’acquérir plus de confiance en soi et de reconnaître les progrès réalisés. Le schéma de progression personnelle (série d’objectifs pour chaque tranche d’âge) est le principal outil utilisé pour soutenir cet élément de la méthode scoute.
L’environnement naturel (forêts, plaines, mer, montagnes, déserts, etc.) offre un cadre idéal pour appliquer la méthode scoute et permettre le développement du potentiel physique, intellectuel, émotionnel, social et spirituel ainsi que le caractère. Cela implique un contact constructif avec la nature en tirant parti au maximum des opportunités d’apprentissage uniques que recèle le monde naturel.
Le scoutisme est un mouvement de jeunes, où ces derniers réalisent des activités avec le soutien des adultes. Le rôle des bénévoles dans le scoutisme est d’être à la fois des moniteurs d’activités, des éducateurs et des facilitateurs de la vie de groupe. En d’autres mots, ils sont les premiers émissaires, les porteurs et les gardiens du message scout. Baden-Powell résumait cette tâche en ces quelques mots : encourager le jeune dans ses efforts et lui suggérer la bonne direction à suivre.
Nous parlons ici d’une exploration active de la communauté et du vaste monde, un engagement à leur égard, afin de favoriser une plus grande reconnaissance et une plus grande compréhension entre les personnes. L’élément méthodologique de l’engagement communautaire consiste à aider les scouts à créer un monde meilleur. L’accent est mis sur une citoyenneté active et sur la responsabilité, qui est celle de chaque scout, de découvrir le rôle qu’il peut jouer dans la communauté.
L’éducation par l’action invite les jeunes à apprendre et à se développer par la pratique, au moyen d’expériences vécues. Le tout est réalisé à partir des centres d’intérêt particuliers des jeunes et de leur désir d’action. C’est donc dans le concret, par la réalisation de projets réels, que les scouts développent des connaissances, des compétences et des attitudes. Ils apprennent dans l’action et non en écoutant un exposé magistral. Le scoutisme se branche ainsi sur l’énergie des jeunes, sur leur besoin d’agir, de relever des défis et de vivre des aventures. Il leur propose un environnement qui les pousse à explorer, à essayer et à découvrir.
Le scoutisme s’est donné le but explicite d’aider les jeunes à développer tout leur potentiel de manière à s’accomplir en tant qu’individus et à contribuer au développement de la société. Il prend en considération toutes les dimensions de la personne et, par conséquent, identifie plusieurs champs de développement.
L’Association des Scouts du Canada a choisi de représenter sa proposition éducative par la mnémonique suivante :
À travers les jeux et les activités vécus au réseau des Exploratrices, Mégane peut développer de manière équilibrée ses sens, sa force, son endurance et sa souplesse. Elle intègre peu à peu l’activité physique et de saines habitudes de vie à son quotidien.
LE DÉVELOPPEMENT INTELLECTUEL
En sorties et en camps tout au cours de l’année, Matthew, 12 ans, a su démontrer de la curiosité et l’envie d’enrichir ses connaissances et compétences. Les obstacles rencontrés l’ont amené à faire preuve de créativité et d’innovation pour trouver des solutions.
LE DÉVELOPPEMENT DU CARACTÈRE
À sa troisième année chez les Routiers, Catherine a choisi de s’investir dans un projet de service auquel elle croit. Partagée entre les amis, les loisirs, le travail à temps partiel et les études, elle apprend à persévérer, à poser des choix de vie libres, fondés sur ses valeurs, en établissant et respectant ses priorités.
LE DÉVELOPPEMENT AFFECTIF
En préparant des entreprises avec son équipe de Pionnières, Gabrielle a appris à exprimer ses frustrations sans blesser ses amies. Ensemble, elles bâtissent et entretiennent des relations d’amitié et de solidarité.
LE DÉVELOPPEMENT SPIRITUEL
Lors des préparations de rencontres avec son cercle des Aventuriers, Samuel, 14 ans, a pu s’interroger et donner un sens à ses expériences personnelles. Il apprend à reconnaître et apprécier ce que la vie apporte.
LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL
La meute, où William est Louveteau, a choisi de participer à un service dans la communauté pour contribuer à la rendre meilleure. En cherchant à être utile en abordant un réel problème, il a pu développer sa capacité à collaborer et coopérer pour trouver des solutions à des enjeux actuels.
L’année scoute se divise en cycles qui correspondent généralement à trois, quatre ou cinq grands projets, qui se composent de plusieurs petits projets, et qui se terminent généralement par un camp.
Ceux-ci se déroulent selon un processus circulaire qui se répète. La durée et l’intensité de chaque étape varient selon les projets, mais aussi selon l’âge, la maturité et l’expérience des jeunes.
Le scoutisme repose sur l’adhésion volontaire de ses membres.
Vouloir, c’est être prêt à s’engager en donnant de son temps et en mettant ses compétences et ses capacités au profit d’un projet collectif.
À cette étape, chaque jeune apprend à imaginer la finalité du processus, à exprimer ses idées et à établir des buts personnels.
Le choix d’un projet se fait idéalement par consensus. Un bon choix rallie toute l’unité et engage chacun à prendre part à toutes les étapes.
Le choix d’un projet repose sur plusieurs facteurs : l’évaluation des forces et faiblesses du groupe, la disponibilité, l’expérience, les compétences techniques, le temps requis pour la préparation, l’équipement disponible, le coût, etc.
Le (i), qui signifie intervenir et intégrer, fait référence aux responsabilités éducatives des animateurs. Leur intervention doit être stratégique, en faisant le pont entre la pédagogie par projet et la pédagogie par objectifs.
Intervenir et intégrer, c’est identifier les difficultés susceptibles d’être rencontrées dans la réalisation du projet et déceler les opportunités d’apprentissage. C’est aussi imprégner le projet des éléments de la méthode scoute et intégrer les bonifications ainsi que les ajouts proposés par les animateurs.
Le défi de cette étape est d’arriver à ce que chaque jeune prenne une responsabilité et mène à bien les tâches qui en découlent. Cela permet au jeune de se valoriser en prenant conscience de l’importance de sa responsabilité pour son équipe. Cette étape fait particulièrement appel à l’entraide et à la solidarité.
La réalisation du projet, c’est l’aboutissement de tous les efforts préalables ; c’est le point culminant. À cette étape, il arrive qu’il y ait quelques embûches, notamment en raison d’un manque de préparation ou d’enthousiasme de la part de certains jeunes.
Les animateurs doivent tenter de susciter la participation de chacun, tout en proposant les ajustements nécessaires. Le tout doit se faire en accord avec la pédagogie du projet, c’est-à-dire en associant les jeunes aux décisions.
La réalisation est le moment idéal pour les animateurs d’observer les comportements des jeunes : volonté de progresser, intégration des valeurs du scoutisme, conscience de leur engagement, attitude face aux difficultés, à la résolution de problèmes et à la prise de décisions.
« Même les expériences de haute qualité ne résultent pas en un apprentissage à moins d’être complétées par une réflexion de haute qualité. »[1].
L’évaluation est probablement l’étape la plus importante dans le cycle du projet puisqu’elle fait ressortir toute la valeur éducative de l’expérience. Elle donne un sens aux expériences, en permettant de mieux comprendre les réussites et les échecs.
L’évaluation prend la forme d’une discussion et d’une réflexion structurée, où les jeunes peuvent s’exprimer, identifier les éléments à modifier et établir une voie à suivre pour eux-mêmes et pour le groupe.
La fête est un moment de réjouissance destiné à souligner les efforts de chacun et la réussite du projet. C’est également le point de départ d’un nouveau projet. En célébrant ensemble une réussite, on se motive pour entreprendre de nouveaux projets. C’est ainsi que, dans le cercle de la pédagogie du projet, l’élément « fêter » annonce un nouveau « vouloir », qui permettra à chacun de relever d’autres défis et d’aller plus loin dans sa progression.
—
[1] D.P. Teschner and J. Walter, Beyond minimum competencies, in J. Miles and S. Priest (eds) Adventure Education (1990)